Coordination : Michelle Dobré et Frédérick Lemarchand
Le concept de transition écologique, popularisé à la suite des travaux de Rob Hopkins, regroupe un ensemble de principes et de pratiques formés à partir des expérimentations et des observations d’individus, de groupes, de villages, villes ou communes, lorsqu’ils ont commencé à travailler sur les problématiques de résilience locale, d’économie en boucle et de réduction des émissions de CO2. Ces principes ont été déclinés dans les domaines de l’agriculture, des usages dans les villes (avec le mouvement des villes en transition) ou plus généralement avec le principe de résilience. De nombreuses collectivités (villes, départements, régions), envisagent un nouveau modèle de développement en transition. Le rôle du CERREV est d’accompagner de manière réflexive et donc scientifique une approche pluridisciplinaire du changement social pour la mise en œuvre de ce changement social tout en questionnant les fondements conceptuels et épistémologiques de telles démarches.
Coordination : Cécile Dolbeau-Bandin et Vassili Rivron
L’altération technique et sociale des modalités de circulation de messages par la généralisation de l’informatique connectée suscite de nombreuses interrogations. La mise à distance des idéaux fondateurs de l’internet et des dystopies réactionnaires qu’il a suscité dissipe progressivement les illusions du progrès technologique pour mettre en lumière un phénomène paradoxal qu’il est fondamental d’appréhender pour comprendre les transformations contemporaines : une concentration inédite du capital financier et informationnel qui est simultané à une distribution tout aussi inédite de l’accès à l’information, à la parole publique et à la production/diffusion de contenus artistiques ou informationnels. Les transformations des infrastructures et registres de communication affectent ainsi par des moyens très diversifiés les modes d’organisation sociale, recomposant les frontières entre différents groupes sociaux et politiques, les touchant depuis leurs propriétés les plus objectives à grande échelle jusqu’à l’expérience et à l’existence intime des agents sociaux.
Mots clés : sociologie du numérique, médias, industries culturelles, production, médiation, usages, espace public, goûts, opinions.
Coordination : Hélène Marche et Guillaume Grandazzi
Ce programme propose d’étudier les rapports entre santé, corps, et société, depuis les politiques sociales et sanitaires en passant par les organisations de prise en charge et de soins des populations dites « vulnérables », ceci en portant une attention aux expériences et trajectoires des non-professionnels (patients, proches) et des professionnels de la santé et du social. Les recherches sont attentives au contexte de transformation des institutions médicales et médico-sociales dans lesquelles se déploient ces expériences et trajectoires, et qui se traduit par un mouvement de rationalisation, de technologisation et d’« humanisation » des soins. Le programme invite à une analyse fine de la diversité des mondes sociaux et médicaux dans lesquels les professionnels et les non-professionnels sont conduits à circuler, des usages qu’ils font de ces mondes et des logiques qui leurs sont associées, de la pluralité des normes morales et des ressources sociales qu’ils mobilisent en contexte. Il propose de favoriser des dialogues avec les disciplines des sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, géographie, droit, lettres et arts du spectacle, etc.) et les sciences de la santé (épidémiologie, santé publique, etc.), tout en poursuivant des réflexions épistémologiques et méthodologiques sur les approches et notions les plus à même de décrire et comprendre les phénomènes de vulnérabilité socio-sanitaires. Des perspectives comparatives partant des travaux empiriques des chercheur-e-s du programme seront encouragées à travers la mise en place de séminaires et de projets de recherche communs.
Mots clés : santé, corps, soin, travail médical, trajectoires de santé, parcours de vie, éthique
Coordination : Lucile Hertzog et Claude Lafabrègue
Ce thème s’intéresse à la question du travail et des loisirs dans nos sociétés contemporaines et, plus spécifiquement, aux frontières du travail et à son articulation avec les autres temps sociaux. Les recherches menées y abordent le « problème » et les tensions dans l’articulation des temps sociaux dans un contexte de transformation des organisations du travail, de précarisation et fragilisation de la condition salariale. Ces questions peuvent être abordées par l’étude des activités et expériences subjectives des travailleurs.euses recueillies lors d’enquêtes de terrain, articulée à des enjeux théoriques, en particulier sur la pertinence d’une définition extensive du travail en sciences sociales. De ce point de vue, une attention spéciale est portée aux zones grises qui entourent les statuts, les temps sociaux et les sphères d’activité qui étaient auparavant nettement séparés. Ainsi, des activités exercées hors de l’emploi qui étaient à elles-mêmes leurs propres fins ont tendance à être assimilées à du travail productif (bénévole, militant, gratuit, invisible …) tandis que l’amateurisme et le bénévolat mus par une passion désintéressée peuvent se transformer en emplois dans des organisations de loisirs. De pareille façon, une activité exercée à titre privé, qu’elle soit associative ou marchande, est susceptible de voir son sens se transformer dès lors qu’en pénétrant dans la sphère publique les acteurs sociaux sont invités à prendre en compte les considérations des autorités politiques locales.”
Mots clés : travail, ergonomie, loisirs, engagement associatif, articulation vie privée/vie professionnelle.
Coordination : Agnès Salinas et Milena Doytcheva
Ce programme propose d’interroger les enjeux de l’identité et de l’altérité au prisme d’une circulation globalisée, mais non moins contrainte, d’individus-sujets, populations, causes sociales et mobilisations politiques, intervenions privées et publiques. Les recherches qu’il réunit visent, d’une part, à faire le point sur les dynamiques identitaires de sujets contraints à la mobilité et à la migration, vulnérabilisés, exclus, mais non moins en quête d’autonomie et pourvus d’une capacité d’agir et d’affirmation de soi. Elles visent, d’autre part, à explorer les enjeux soulevés par ces situations en termes de solidarité, de juste sociale et de remédiation, en scrutant de manière attentive les réponses institutionnelles et politiques qui façonnent, encadrent, gouvernent les expériences vécues et les processus de subjectivation de l’exil, de la migration, de la violence et de l’exclusion. Cette deuxième perspective problématique se décline en deux chantiers spécifiques que nous proposons de construire en dialogue avec deux autres programmes du laboratoire :
En dialogue avec « Travail, Loisirs et Temps sociaux », nous posons la question du déploiement de ces notions en organisations : comment les questions de l’identité et de l’altérité se déploient-elles aujourd’hui en organisations, au prisme en particulier d’enjeux d’inclusion, d’équité et de diversité, de lutte contre toute forme de discriminations, mais aussi, plus largement, de « qualité de vie », voire de « bien-être » au travail ? Sur ces questions d’actualité et qui intéressent l’intervention publique, l’objectif est de cibler les ressources, les opportunités ainsi que les risques liés à ces politiques.
En dialogue avec « Critique et Politique », nous proposons d’explorer la dimension proprement politique qui engage une évolution des régimes contemporains de l’appartenance et de la citoyenneté, autour par exemple des enjeux de justice raciale, d’antiracisme, de renouveau des nationalismes et suprématismes, de droits des minorités etc., que nous proposons d’aborder dans une perspective délibérément transnationale et comparative. En quoi et comment ces luttes pour la reconnaissance cristallisent-elles de manière spécifique dans différents espaces sociopolitiques ; quelles sont les dynamiques de tension, potentiellement de conflit normatif ou de convergence d’intérêts qui les traversent et en quoi participent-elles du renouvellement des répertoires de mobilisation et d’action publique, mais aussi d’intégration nationale, localement comme à l’échelle globale ?
Coordination : Patrick Vassort, Stéphane Corbin et Federico Tarragoni
Le programme Critique et politique réunit chercheuses et chercheurs soucieux et désireux de penser le politique au sein de nos sociétés internationalisées et/ou supra-nationalisées. Ces champs sont ceux de l’action politique, des politiques publiques et, plus fondamentalement, des divers registres sociaux où s’exercent le pouvoir et où est posée la question de l’autorité et de la légitimité. Ce sont les changements socio-politiques (crises, révolutions, mouvements sociaux), les institutions et les idéologies, les systèmes politiques dans leurs altérations au fil du temps ou sous la pression de l’événement, voire les modes de vie et la quotidienneté qui pourront être questionnés en tant qu’horizon politique de nos sociétés contemporaines. Ouvert à l’interdisciplinarité, ce programme ambitionnera d’analyser le politique au travers des nouvelles formes de la tyrannie, autant qu’au prisme des modalités d’émancipation qui voient le jour dans les sociétés contemporaines. Dans une perspective plus anthropologique, il s’agira de prendre en considération les passions dans leur articulation au politique (domination, violence, agir ensemble) pour réinterroger, au-delà de la doxa, la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, la citoyenneté et la démocratie. Résolument critique du réductionnisme de la science politique institutionnaliste, ce programme à la fois théorique et empirique réinterrogera la légitimité au-delà du seul respect de l’ordre établi et à distance de toutes les simplifications idéologiques. Le programme “Critique et politique” a donc pour objectif de participer à la construction des théories du politique au prisme des pratiques sociales analysées dans des champs disciplinaires variés : sociologie, anthropologie, philosophie, histoire des idées politiques.