- Cet évènement est passé.
De l’abstraction du capital au capital cosmique. Pour une critique anthropologique de l’Homme superflu et du déshumanisme
27 septembre 2022 · 13h30 – 16h30
par Patrick Vassort, Maître de conférences en sociologie à l’université de Caen Normandie. Editeur de nombreux ouvrages de théorie critique et auteur de nombreux ouvrages dont L’homme superflu. Théorie politique de la crise en cours.
L’espace. Nouvelle frontière ? Nouvel horizon ?
Dans son essai intitulé L’Horizon négatif, Paul Virilio questionnait le passage de l’atmosphère à la dromosphère, la sphère de la vitesse où l’espace et le temps se redéfinissent dans leur rapport mutuel défini par la relativité. Que se passe-t-il dans notre anthropologie lorsque l’horizon terrestre -qui constitua un élément fondateur du sujet dans l’invention de la perspective à la Renaissance – se mue en une courbe observée depuis l’espace ? Depuis que l’humain s’est projeté, physiquement ou imaginairement, hors des frontières terrestres, le paradigme d’humanité est régulièrement questionné : sommes-nous condamnés à rester sur une Terre maltraitée par la violence du Progrès et du capitalisme, ou sommes-nous une espèce nomade destinée à quitter un jour le berceau terrestre ? Somme-nous, pour reprendre l’expression d’Hannah Arendt, face à la perspective d’une nouvelle « condition humaine » qui serait redéfinie par l’espace cosmique ?
Depuis la production de la première image de la Terre vue depuis l’espace il y a soixante-quinze ans, en passant par le programme Apollo qui conduisit l’homme sur la Lune, on assiste à une recrudescence d’intérêt pour l’espace au sein de tous les pays technicisés. Ressource inépuisable de matières et source de profits illimités, mais aussi redoutable obstacle technique, l’espace est vu comme extension de la terre pour un nouveau projet colonial puisque l’exploitation des ressources terrestres à faible coût touche à sa fin. Il est également envisagé comme une surface exploitable pour le déploiement de technologies de communications, notamment par le secteur privé émergent. Ce dernier envisage par ailleurs le développement d’un tourisme spatial pour milliardaires,… avec l’idée que cette pratique pourrait se démocratiser. Enfin, les plus utopiques imaginent une conquête plus étendue, vers mars d’abord, puis vers des horizons plus lointains lorsque les technologies le permettront.
Il s’agira, dans ce séminaire, de considérer l’espace en tant qu’objet anthropologique, comme analyseur des imaginaires, des pratiques et des discours de notre nouvelle modernité, celle de la crise écologique planétaire, de l’anthropocène et du collapse attendu par le plus grand nombre. Entre science et fiction, entre mythologie et religion, entre sciences expérimentales et sciences humaines, les conférenciers invités poseront chacun à leur manière les questions essentielles auxquelles nous envoie la nouvelle conquête spatiale, celles qui touchent à la manière dont nous ne cessons de nous repenser comme humains, c’est-à-dire à notre anthropologie.