Composition du jury :

Jean-Yves Authier, Professeur de sociologie, Centre Max Weber, Université Lumière Lyon 2, rapporteur.

Philippe Chanial, Professeur de sociologie, LCSP, Université Paris-Cité, examinateur.

Éric Dagiral, Maitre de conférences en sociologie, CERLIS, Université Paris-Cité, examinateur.

Michelle Dobré, Professeure de sociologie, Université de Caen Normandie, CERREV, directrice de thèse.

Emmanuelle Lallement, Professeure d’anthropologie, ALTER – UMR CNRS LAVUE, Institut d’études européennes, Université Paris 8, rapporteure.

Résumé : Longtemps restée dans l’ombre d’autres objets de recherche sociologique, la sociabilité de voisinage suscite un nouvel intérêt dans la discipline depuis les années 2010. Cet attrait renouvelé coïncide avec la multiplication des productions médiatiques concluant à leur entrée en « crise » : lorsque les relations de voisinage ne sont pas présentées comme essentiellement conflictuelles, c’est leur inexistence qui est déplorée. Située au croisement de plusieurs champs de recherche (sociologie urbaine, de la participation citoyenne et du numérique), la thèse soutient l’idée que cette représentation d’une « crise » du voisinage s’articule à la transformation de ce dernier en un espace d’action, où les relations interindividuelles constituent à la fois un objet d’intervention et une ressource pour un ensemble d’acteurs hétérogènes (publics, para-publics, privés) en vue d’atteindre des objectifs divers (réduire la délinquance, l’anonymat en milieu urbain…). La première partie de la thèse situe l’émergence du contexte historique, social et politique qui donne corps à cette conception d’un voisinage « en crise » et sur lequel il serait nécessaire d’intervenir. À partir d’une enquête qualitative au long cours menée dans une aire d’attraction non-métropolitaine, la thèse propose ensuite une analyse dialectique des logiques et des pratiques de production et d’appropriation de trois types de « dispositifs de voisinage » (la fête des voisins, dispositif de surveillance de voisinage et les plateformes numériques de rencontre entre voisins). Alors que la deuxième partie montre en quoi ces dispositifs constituent les vecteurs de processus de régulation et de contrôle social, la troisième partie aborde la manière dont les individus s’approprient les outils et les discours qui les accompagnent, procèdent à des détournements de leur sens et de leurs usages prescrits, tout en élaborant des résistances à leur normativité.

Mots-clés : voisinage (relations humaines) ; politique urbaine ; participation sociale ; réseaux sociaux (Internet) ; fête des voisins ; surveillance ; normes sociales ; contrôle social ; résistance