“Le sociologue et agronome Raphaël Larrère nous a quittés. Compagnon de route du LASAR dans les années 90, puis du CERREV, il avait, à de nombreuses reprises, croisé la route des chercheurs de notre équipe, de jurys de thèse en conférences invitées, allant jusqu’à partager un improbable travail de terrain au Tatarstan. Esprit curieux et aiguisé, il a contribué avec sa femme, la philosophe Catherine Larrère, à redéfinir les usages et les représentations de la nature (Du Bon usage de la nature, 1997) et à repenser nos attentes face aux utopies techniques (La distinction entre le naturel et l’artificiel à l’épreuve des nouvelles technologies) comme aux dystopies écologiques (Le Pire n’est pas certain : Essai sur l’aveuglement catastrophiste, 2020). Entre pensée d’un nouveau naturalisme, approche dialectique de la technique et exercice de l’esprit critique, son travail, nécessairement transdisciplinaire, continuera d’éclairer les jeunes – et moins jeunes – chercheurs tant il était en avance sur son temps. Nous conserverons de cet homme de terrain et d’esprit le souvenir d’un homme épanoui et délicat, un ami, dont le visage broussailleux dissimulait mal la timidité. Nous garderons aussi le souvenir amusé de la collection de stylos qu’il arborait comme des médailles accrochées à son gilet pour nous rappeler le merveilleux auteur qu’il fut.”.

On pourra retrouver un long auto-portrait sous forme d’interview