Sarah Migault, doctorante au CERREV, propose d’effectuer une démarche Living lab dans trois régions différentes du monde : la Normandie, la région de Montréal et la région Réunion.
Il s’agit d’étudier les potentialités d’usage du numérique en agriculture, notamment les outils visant à une gestion maîtrisée de l’eau pour l’irrigation grâce à différents capteurs, avec pour postulat que toute technologie est culturelle et sociale.
A travers des ateliers thématiques et des scénarisations prospectives, une vision de ce que pourraient être les champs et le paysage agricole dans le futur et le rapport entre humains, environnement et technologies seront esquissés. Les objectifs sont de mettre à jour une communauté d’intérêt et de co-construire un livre Blanc.
Pour l’heure, les crispations autour de la raréfaction de l’eau ne sont pas nettement visibles sur ces trois territoires mais il est envisageable qu’elles le deviennent à l’avenir. Il s’agit dès lors pour Sarah Migault d’interroger le rapport à l’eau et à la technologie numérique des agriculteurs.trices, « leur mode d’existence », « leur mode d’habiter », « leur genre vernaculaire », envisagés par le prisme sociologique.
Demand Side instruments, société proposant des objets connectés et présente sur les trois territoires mentionnés, va être l’acteur industriel ouvrant ses technologies et permettant de mettre ingénieurs, concepteurs et dirigeants au service de ces Living lab. Se décrivant comme les « hackers » du monde de l’agriculture numérique, leur vision est par exemple de laisser les données sur le champ comme la propriété de l’agriculteur.
La démarche du Living Lab déjà initiée sur le sol réunionnais a permis de mettre à jour un groupe d’individus partageant des préoccupations communes, et de découvrir qu’au-delà de la problématique envisagée, c’est la manière dont une société envisage ses types de productions alimentaires dont il est question, avec des notions comme l’autonomie, la résilience et le territoire. Les technologies émergentes et l’agroécologie cristallisent de prime abord des tensions autour de la notion de progrès, mais l’ouverture des imaginaires et des temporalités ont permis de dépasser l’aporie préliminaire et de dégager des pistes alternatives.